Texte écrit par le genial LEX-I-R42

La murophilie. Tout un concept. Même Lao Tseu n’y avait pas pensé et pourtant, il a dit un sacré paquet de conneries dans sa vie.

La murophilie est une philosophie de vie pratiquée par les murophiles. Ca ne nous avance pas beaucoup, me direz-vous.
Sous sa forme la plus courante, le murophile est une personne qui cherche toujours à se prendre des murs en pleine tronche, le plus vite possible, et qui en retire un certain plaisir. Le murophile oriente sa vie de telle façon que tout ce qu’il fait se terminera inéluctablement dans un mur. Il s’y dirige d’ailleurs à toute vitesse et en chantant. Et ce n’est qu’une fois que sa tronche est encastrée bien profondément dans le mur qu’il se sent exister.
Les situations lisses, simples et limpides ne l’intéressent pas, le murophile ne se sent vivre que quand il morfle. Plus il morfle, plus il a mal, plus il existe. Une variante de masochisme psychologique qui n’est pas sans poser des problèmes car le murophile est un éternel tourmenté : c’est donc un véritable casse-couilles pour son entourage. Et si par hasard la vie le soulageait de ses tracas ou que le niveau de prise de tête passait sous un seuil fatidique, il ferait en sorte de se construire de nouveaux murs pour y foncer dedans, la tête la première, tel le coyote poursuivant le bip-bip et stoppé en plein élan par l’une des facéties de l’inaccessible volatile.

Le terrain de jeu favori du murophile, c’est « l’amour ». Le murophile ne vivra jamais en couple dans une ambiance familiale tendre et sereine. Pas de dîner le soir au coin du feu, pas de belle romance éternelle, pas de Byron déclamé sous la Lune d’été… Le murophile recherche les situations impossibles. Il tombera raide dingue d’une personne mariée par exemple. Ou de quelqu’un avec qui il sait parfaitement que c’est mort d’avance. Le murophile foncera dans des histoires tordues jusqu’à l’explosion. Et c’est là qu’il se sentira exister. Je souffre donc je suis. Jetez-vous à ses pieds avec un bouquet de fleurs et des gants blancs, il ne vous regardera même pas. La simplicité l’emmerde, le bonheur l’ennuie. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on en chie.
Au boulot, ce n’est guère mieux. Le murophile fait ses choix en dépit du bon sens commun. Il quittera par exemple un emploi stable et bien payé dans sa région d’origine pour un projet incertain à l’autre bout du monde.

Une fois dans le mur, il se relève et file vers un autre mur. Parfois même, il y picote du pain dur.