Il y a des livres qui vous échouent dans les mains sans vraiment qu’on sache pourquoi. « Le cœur cousu » c’est sur la proposition d’une chargée de com’ qu’il est entré dans ma vie ; suite à un de mes articles qu’elle avait apprécié alors que je le trouvais plutôt nian-nian. Et j’avoue, depuis je me félicite d’avoir écrit ces quelques lignes un peu faciles.

Car le « cœur cousu » c’est mon petit cœur à moi qu’il a brodé d’un plaisir renouvelé. Un plaisir que je m’accordais petit à petit, en prenant soin de faire durer le plaisir, le plus longtemps possible puisque chaque chapitre est un poème qu’on peut séparer des autres sans brouiller l’histoire ou la malmener.

J’ai reçu le livre en juillet et je l’ai lu deux fois. La première en petit morceaux de tgv ou le soir au fond du lit. Je distillais chaque lecture en petits moments de bonheur afin de faire perdurer la découverte. Et la seconde d’une traite pour en savourer les mots une fois de plus mais en les étreignant dans l’ensemble de l’histoire relatée.

Si on me demandait de qualifier le style de Carole Martinez j’en serais incapable. Cette plume est une diable de poésie ou la magie des mots et des sous entendus est mêlée en une espèce de chant très clair et pourtant incroyablement riche. Je suis incapable de faire comprendre le plaisir de ce texte sans en parler avec les mains, faire un parallèle avec la poésie des textes de Mathias Malzieu ou vous faire des tas de citations qui perdraient toute leur magnificence a être jetées en pâture sur un écran d’ordinateur.

Sans être un roman féministe c’est aussi un chant de femme qui parle aux femmes. Sans être un roman historique c’est un joli rond de jambe autour de l’histoire. Sans être un conte, c’est la magie des légendes qui vient vous bercer dans une atmosphère fabuleuse.

Pour vous communiquer l’envie, voici le quatrième de couverture et le lien vers la page du livre. Mais surtout n’hésitez pas le devant le prix de la collection blanche. Ces 23€ c’est un investissement qui vous sera rendu en plaisir de lecture vraiment riche, Carole Martinez est une conteuse hors paire : chapeau !

Quatrième de couverture :

« Écoutez, mes soeurs !
Écoutez cette rumeur qui emplit la nuit !
Écoutez… le bruit des mères !
Des choses sacrées se murmurent dans l’ombre des cuisines. Au fond des vieilles casseroles, dans des odeurs d’épices, magie et recette se côtoient.
Les douleurs muettes de nos mères leur ont bâillonné le coeur. Leurs plaintes sont passées dans les soupes : larmes de lait, de sang, larmes épicées, saveurs salées, sucrées. Onctueuses larmes au palais des hommes ! »
Frasquita Carasco a dans son village du sud de l’Espagne une réputation de magicienne, ou de sorcière. Ses dons se transmettent aux vêtements qu’elle coud, aux objets qu’elle brode : les fleurs de tissu créées pour une robe de mariée sont tellement vivantes qu’elles faneront sous le regard jaloux des villageoises ; un éventail reproduit avec une telle perfection les ailes d’un papillon qu’il s’envolera par la fenêtre ; le cœur de soie qu’elle cache sous le vêtement de la Madone menée en procession semble palpiter miraculeusement…
Frasquita a été jouée et perdue par son mari lors d’un combat de coqs. Réprouvée par le village pour cet adultère, la voilà condamnée à l’errance à travers l’Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang, suivie de ses marmots eux aussi pourvus – ou accablés – de dons surnaturels…
Le roman fait alterner les passages lyriques et les anecdotes cocasses ou cruelles. Le merveilleux ici n’est jamais forcé : il s’inscrit naturellement dans le cycle tragique de la vie.

Ean: 978-2-07-078305-2  – Prix: 23 €