Lors d’un débat informel sur « la place de la cuisine et du repas dans notre société », il a été dit qu’en théorie c’est formidable et plein de valeurs humaines mais que dans les faits on trouve plus souvent ça ringard et ennuyeux.

En partant de ce constat je me suis dit qu’il était vraiment injuste de mettre tous les repas dans le même sac en sacrifiant aux stéréotypes des repas de famille. Alors certes dans sa phase rebelle l’adolescent ne veut plus manger à table avec ses parents parce que « ça craint », d’ailleurs les mêmes parents sont sacrément emmerdés  lorsqu’ils doivent recevoir belle-maman. Le repas à table forçant à communiquer avec l’autre… ça arrange pas ceux qui ne veulent pas affronter l’Autre.

Toutefois dans notre époque individualiste et industrialisée il existe encore un exemple du repas commun pris en communion et en acceptation des autres : la soirée pizza.

Qu’elle soit faite par vos petites mains pleines de doigts, livrée par un scooter kamikaze ou décongelée avec amour, la pizza est un consensus social qui ravit toutes les couches de la société.

D’abord parce que la pizza ça se partage. Et là y a pas de règle, on peut faire autant de part que l’on veut.

Ensuite parce qu’elle peut satisfaire tout le monde. Quand il y a des goûts différents chez les amateurs de pizza, on peut prendre des tailles plus petites et commander plusieurs saveurs. D’ailleurs la pizza se customise : toi tu rajoutes du parmesan, moi de l’huile au laurier et lui de l’huile pimentée. D’un plat commun on fera chacun son idéal avec une touche personnelle et sans chagriner son voisin.

Enfin la pizza ça va avec tout : le coca, la mauvaise bière, le verre d’eau et même un vin blanc ou un rosé. Du coup, pas de jaloux, c’est en communion liquide que les participants à ce repas trinqueront en se souhaitant un bon appétit.

Et comme la pizza est décidément un plat juste et équitable : elle limite l’usage de vaisselle et permet une paix de longue durée en évinçant les corvées de vaisselle (sauf si vous l’avez faite chez vous mais avouez que vous avez sali moins de casseroles que pour un bœuf bourguignon qui n’aurait pas plu aux enfants (« parce qu’on dirait du « Canigou » »)).

Rendons donc grâce à cet appareil gastronomique qui réconcilie l’homme avec son prochain (jusqu’a ce que le prochain pique la dernière part)