Même si je lis régulierement des ouvrages traitant de société, d’économie ou de féminisme, je parcours rarement ceux-ci avec entrain ou passion.
Ce fut le cas en 2008 pour La Femme digitale mais c’était alors un « tout nouveau sujet » 😉

Pourtant, quand les premières critiques du livre « Lean In » sont sorties, j’ai commencé à éprouver de l’intérêt pour cet ouvrage.
Son auteur étant CEO chez Facebook, cela ne faisait que renforcer ma curiosité naturelle*

J’ai donc acheté le livre dès sa parution en français**, sous le titre « En avant toutes« .
Et ce fut le coup de cœur.

A tel point que je l’ai lu en 3 jours et que je me suis empressée de le recommander partout autour de moi !

Bien qu’en commençant par une anecdote personnelle, puis des chiffres sur la condition de la femme, Sheryl invite peu à peu à une découverte de son histoire et des ponts qu’elle a construit entre elle-même, son parcours professionnel et sa perception du monde du travail. Mais surtout, elle introduit au fil des page une analyse du sexisme auquel les femmes font face dans le monde du travail mais aussi dans leur propre perception de leur carrière professionnelle.

En règle générale ce type d’ouvrage (sur la place de la femme dans le monde du travail) voit tout noir ou tout blanc :
-soit ce sont les hommes qui empêchent les femmes d’accéder à des vraies carrières professionnelles
-soit ce sont les femmes qui refusent de se lever pour prendre leur place dans le monde du travail.
Dans l’ouvrage de Sheryl, on aperçoit enfin une voie médiane qui cherche à faire la part des choses entre les obstacles extérieurs et les obstacles intérieurs.
Mieux que cela : Sheryl semble s’attacher à vouloir faire un état des lieux mais aussi à expliquer aux uns et aux autres ce qui se passe humainement dans la carrière d’une femme !

C’est un ouvrage qui aide à comprendre comment fonctionnent les femmes (jeunes/célibataires, puis mères ou carriéristes). Et c’est surtout un ouvrage qui cherche à aider les femmes à s’auto-manager (à aller de l’avant) et à manager ses collègues féminines (en particulier lorsqu’on est soit même une femme).

Sans vouloir faire dans le mélodrame, j’estime que ce livre m’a aidé à ouvrir les yeux sur certains malaises, tout en me rassurant et me donnant un coup de pouce pour aller (de nouveau) de l’avant.

J’ai été tellement touchée par certains passages que j’ai fini par faire lire le livre à mon mari.
Et non seulement cela lui a plu, mais il a admis lui même mieux comprendre certains faits professionnels et contextuels ***

en avant toutes

Je vous en conseille donc la lecture, qu’on soit homme ou femme, manager ou managée !

 

Quatrième de couverture :

J’ai attendu mon premier enfant à l’été 2004. Je dirigeais alors la branche des ventes et opérations en ligne chez Google. J’avais rejoint l’entreprise trois ans et demi plus tôt, alors que ce n’était encore qu’une obscure start-up, ne comptant que quelques centaines d’employés, dans un immeuble de bureaux vétusté. Au moment où je suis tombée enceinte, des milliers de personnes travaillaient pour Google, dont les locaux occupaient un complexe de bâtiments entourés d’espaces verts.
Ma grossesse n’a pas été facile. Les nausées matinales, courantes au premier trimestre, ne m’ont pas laissé un seul jour de répit en neuf mois. Pour ne rien arranger, j’ai pris pas loin de trente kilos, au point que je ne distinguais plus mes pieds déformés, enflés de deux pointures, que lorsque je les hissais sur une table basse. Un ingénieur de Google empreint d’un tact rare a déclaré que le «projet baleine» avait été baptisé en mon honneur.
Un jour, après une rude matinée face à la cuvette des toilettes, j’ai dû me dépêcher de rejoindre une importante réunion avec un client. Google se développait à un tel rythme que le stationnement posait à l’entreprise un problème récurrent : je n’ai trouvé de place qu’à l’autre bout du parking, ce qui m’a contrainte à piquer un sprint, ou plutôt à me traîner un peu plus vite qu’à mon allure ridiculement lente de femme enceinte. Bien sûr, mes haut-le-coeur ont encore empiré : je suis arrivée à la réunion en priant pour que ne s’échappe de mes lèvres rien d’autre qu’un argument de vente. Le soir venu, j’ai confié mes déboires à mon mari, Dave. Il m’a fait remarquer que Yahoo, qui l’employait à l’époque, prévoyait des places de stationnement aux femmes enceintes à l’entrée de chaque bâtiment.
Le lendemain, j’ai foncé d’un pas décidé – plutôt clopin-clopant, en réalité – au bureau de Larry Page et Sergey Brin, les fondateurs de Google, une vaste pièce au sol jonché de jouets, de gadgets et de vêtements. J’ai déclaré à Sergey, en position du lotus dans un coin, qu’il était impératif de réserver des places aux femmes enceintes, et que le plus tôt serait le mieux. Il a levé les yeux sur moi et m’a tout de suite donné raison, non sans noter au passage que, jusque-là, il n’y avait pas pensé.
Aujourd’hui encore, j’ai honte de ne pas y avoir songé de moi-même avant d’avoir eu mal aux pieds. N’y allait-il pas de ma responsabilité de femme parmi les plus haut placées chez Google ? Pourtant, pas plus que Sergey, je ne m’en étais souciée. Les autres femmes enceintes au service de l’entreprise ont dû souffrir en silence, sans oser réclamer un traitement à part. A moins qu’elles n’aient manqué de l’assurance ou de l’autorité nécessaires pour exiger une solution au problème. Il a fallu attendre la grossesse d’une employée au sommet de la hiérarchie – quand bien même elle ressemblait à une baleine – pour que les choses bougent.
Aujourd’hui, aux États-Unis, en Europe et dans la majeure partie du monde, les femmes s’en sortent mieux que jamais encore. Nous bénéficions de ce qu’ont accompli celles qui nous ont précédées, qui se sont battues pour les droits que nous considérons aujourd’hui comme un dû. En 1947, la Standard Oil a proposé un poste d’économiste à Anita Summers, la mère de Larry Summers, qui m’a longtemps tenu lieu de mentor. Le jour où elle l’a accepté, son nouveau patron lui a dit : «Je suis ravi de vous avoir engagée. J’aurai à mon service une aussi bonne tête, sauf qu’elle me coûtera moins cher.» Anita s’est sentie flattée : quel compliment de s’entendre dire qu’intellectuellement, elle valait autant qu’un homme.

 

*Je rappelle que je suis consultante Social Media, donc un truc sur Facebook, yahoo ou google, ça m’interesse toujours ;p

** en fait je l’ai acheté en anglais mais je me suis vite lassée des expressions trop américaines. La version traduite est donc à recommandée si vous n’êtes pas assez bilingue pour profiter de toutes les pointes d’humour anglophone.

*** il aussi dit que s’il en croit ce livre, il conçoit sa carrière comme une femme ^^