Même si je n’ai jamais eu besoin de transfusion sanguine, je mets un point d’honneur à donner régulièrement aux établissements français du sang. Juste parce que j’estime que c’est un moyen simple de rendre service, tel que j’aimerais qu’on me rende service si j’étais dans le besoin. Et comme je suis freelance,  je fais surtout des dons de plaquette car ils prennent longtemps et que tout le monde n’a pas le loisir d’avoir 2 heures à y passer.

Mais comme je m’ennuie vite, j’y vais parfois accompagné d’un « chaperon » pour discuter. Or, au dernier passage, je lui ai proposé de faire un don de sang pour s’occuper  (oui, j’ai des drôles de façon de passer le temps ;-)). Mais celui-ci m’a rétorqué qu’il ne pouvait pas faire de don puisqu’il est homosexuel.

Sur le coup, ça m’a scotché. Mais vraiment scotché

Je lui ai rétorqué qu’il était en couple monogame depuis trop longtemps pour qu’il ait encore à se déclarer « partenaire multiple ». Mais visiblement ça n’avait rien à voir.

J’ai donc attendu de rentrer chez moi pour vérifier. Et oui:

la législation française interdit aux homosexuels masculins de faire des dons de sang, plaquette, ou plasma.

En cause ?  Une interdiction qui date de 1983, basée sur le risque de contamination sanguine plus haut chez eux,  dû aux pénétrations anales.

Non, non, je ne rigole pas… Ce type de pénétration peut provoquer des petites déchirures (micro-saignements) et causer des contaminations par le sang ou le sperme.

Quelque part, l’interdiction pourrait alors se tenir. Sauf que l’ESF vérifie sur chaque don la possible contamination aux maladies sexuellement transmissible (entre autre).

Qui plus est, pourquoi pointer du doigt les gays alors que les femmes peuvent aussi avoir ce genre de pratiques sexuelles ? Sans compter les hommes qui marchent à « voile et à vapeur » et ne le déclarent pas…

D’ailleurs, si le problème vient vraiment des pénétrations anales, pourquoi n’y a-t-il pas une question à ce sujet dans le questionnaire que l’on doit obligatoirement remplir avant la consultation qui précède le don?

Comprenons-nous bien, je considère que donner de son sang est  un devoir pour ceux qui le veulent, mais surtout un droit. Donc,  En quoi cette interdiction  basée sur un risque qui est désormais réduit et partagé avec les autres préférences sexuelles doit-elle perdurer ?

Sommes-nous si incertains envers les tests de sécurité de l’ESF ? Sommes-nous trop hypocrites pour admettre que les risques sont aussi présents chez les hétérosexuels ? Ou est-ce donc juste un oubli législatif qui survit sous forme de ségrégation pure et simple ?

Le débat sur la remise à jour des conditions de don date de 2009 (voir cet excellent article), et les gays furent sans doute les seuls oubliés des assouplissements des conditions de dons. Pourtant, la France connait trop souvent un manque de don. Et l’excuse du VIH qui met plusieurs jours à apparaitre après le rapport à risque peut être aisément contrecarrée par une demande  d’abstinence avant un don (comme c’est le cas actuellement pour les soins dentaires, aspirine, etc.).

J’ai beau ne pas être une militante enragée des droits des homosexuels, je suis outrée de voir qu’on en est là sur une pareille question de santé publique.

Suis-je la seule à découvrir cette lacune et la trouver injuste, voire irréfléchie ?