C’est invité par Tribeca, qui organisait une petite rencontre avec des blogueurs pour la promotion de l’album Un manouche sans guitare, que j’ai rencontré Thomas Dutronc. Honnêtement, je ne connaissais pas il y a encore une semaine. C’est en écoutant les musiques après la réception de l’invitation que j’ai découvert qu’il était l’auteur et chanteur de deux titres que j’avais déjà entendus à la radio. Mais si j’ai dit ok pour la rencontre c’est qu’à lire la présentation de l’artiste, j’étais sûre d’aimer :

Cet apôtre de Django Renhardt ne cesse de nous surprendre par sa musique fumante de Jazz Manouche. Des débuts à jouer au marché aux puces de Saint Ouen, il intègre en 2001 le groupe Gipsy project sous la tutelle de Bireli Lagrène.
Cette étape très importante de sa vie va le mettre sur le devant de la scène et lui permettre de collaborer avec les plus grands noms de la musique française comme Mathieu Chedid ou encore Henry Salvador.

Jazz Manouche, Django, Henry Salvador, Chédid, que de la musique que j’aime. Et pourtant là je suis en pleine phase d’autisme musical sur la période 60’s (la faute à cette excellente intégrale de Janis Joplin encore :p).

Bref. Comme je suis une bonne chroniqueuse/blogueuse, j’ai travaillé mon sujet et ingéré l’album à force de l’écouter. Faut avouer que je n’ai pas trop souffert de cette séance musicale, rapport que c’est un son que j’aime beaucoup, même si je ne suis pas aussi enthousiaste que certains pour le titre des frites bordel. C’est un excellent album du dimanche, au sens ou ça s’écoute en boucle en flemmardant à la maison ; ça met de bonne humeur, c’est frais, rythmé. A l’écoute on fini par adopter l’attitude décrite dans « jeune je ne savais pas » (comme ça pour rien j’étais content, sans savoir pourquoi sans savoir comment). Si ça se donnait en jazz-bar l’écoute serait différente mais le plaisir devrait encore être là.

La rencontre quant à elle fut une aussi bonne surprise que l’album. Je craignais une pop-star de dynastie qui sait ce qu’il vaut et de qui il descend, mais ce fut un « vrai gens » qui est venu et a fait la bise à tout le monde avant de s’asseoir. A la première question posée, il à tôt fait de détendre définitivement l’ambiance en expliquant que s’il a fait cet album c’est parce que « en fait mon but dans la vie c’est d’être maître du monde« .

Tout au long des questions qui suivront il parle beaucoup de lui et ses musiciens. Plus concrètement j’ai été marquée par le fait que le « on » est omniprésent dans l’album comme dans ses réponses. Pour lui l’album fait suite au spectacle musical qu’il donnait en résidence avec ses musiciens. Plusieurs chansons en sont directement inspirées et l’ambiance qu’il donne au cd lui doit aussi beaucoup. Le titre sur les frites par exemple, est lié à l’une des intro les plus rodées du spectacle où les musiciens lisent chacun à leur tour une vielle carte postale avant de « partir en couille » sur l’idée du temps qui passe. De même, la page non musicale du cd (Houdon jazz bar) devait être à la base un enregistrement en live d’un de leur concert mais a fini par livrer une scène de bar comme Thomas a l’air de les aimer. Interrogé sur ce morceau il explique qu’il sert de virgule à l’album mais surtout qu’il montre la vie des bars, le coté convivial des spectacles et l’origine de ce disque.

Pour lui le spectacle est visiblement très important. La scène c’est le spectacle, bien qu’avec le format des festivals le groupe ait des difficultés à s’adapter à cause du « gigantisme ». Visiblement ils s’y font quand même. Thomas explique que du moment où ils ont le temps de travailler avant la scène, ils peuvent trouver et inventer de quoi s’adapter. Et c’est cet esprit de groupe qui fait tenir les choses ensemble : chacun apporte ses idées et l’alchimie fonctionne.

A ce sujet, on lui a demandé pourquoi l’album ne porte que son nom alors qu’il semble que le groupe soit si important pour lui. Très prosaïque il précise que s’il n’y a que son nom c’est parce que c’est son projet, que c’est lui qui a écrit les textes et aussi parce que c’est son nom qui a ouvert si facilement les portes des maisons de disques. Il précise aussi que si le groupe est très soudé, ça reste un groupe de jazz, et les musiciens de jazz sont des loups solitaires, sociaux mais indépendants. Avec humour il ajoute que la pression du disque et de la signature c’est lui qui l’a porté. A son sens, si on avait laissé le groupe faire à son habitude on serait encore à trois chanson de finies un an après la signature!

Cette première expérience d’album a visiblement pesé sur Thomas même s’il ne le regrette pas. Par exemple, il a beaucoup aimé écrire les textes mais avec l’enjeu du disque, l’écriture a été plus difficile que d’habitude à cause des délais à respecter. De même, voulant faire un cd personnel et original il a découvert un autre coté de la musique. Pour lui l’album doit respecter l’esprit boeuf maison où on ouvre vers d’autres horizons, où on s’amuse à faire la tambouille entre différents styles. Or, à cause du format original des morceaux, il s’est rendu compte qu’ils ne peuvent pas passer à la radio ou être accueillis par les médias classiques de la diffusion musicale. C’est problématique pour le coté commercial, mais du coté musical nous on en redemande !

Pour finir, je dirais que Thomas Dutronc m’a fait vraiment bonne impression. Il est resté avant tout le musicos, l’artiste de bar au bon sens du terme. Il parle comme si on était accoudé au bar. Il est franc, posé et ne cherche pas à faire de l’interview. A l’entendre on acquiesce sur cette idée qu’il n’est pas un artiste businessman mais qu’il préfère le coté « saucisson » des gens (corse de préférence le saucisson). Et à cette seule phrase on se fait une idée du personnage.
De plus, il n’a mentionné qu’une seule fois son nom et ses parents. Il a fallu une dernière question de la part des blogueurs pour lui faire parler de ça. Et encore, j’avais déjà complètement oublié sa dimension « dynastique », car même s’il a repris l’entreprise familiale (dixit lui avec humour) c’est devenu SON affaire et c’est bien agréable.

Merci à Tribeca d’avoir offert cet excellent moment de « communication » et à Thomas Dutronc de rester si musicos malgré les ventes de l’album !

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