Selon le maitre Hakuin, trois éléments sont fondamentaux pour pratiquer le zen : une grande foi, un grand doute, une grande détermination.

Cet état d’esprit, le moine postulant à l’admission dans un temple zen l’éprouve dans sa chair. Après avoir formulé sa demande, il reste prosterné sur les marches du temple. Immobile pendant de longues heures, il essaye de résister au vent, à la neige, à la pluie, aux sarcasmes, aux insultes et aux coups qu’il essuie – autant de moyens de tester, heure après heure, sa motivation.

Dans le zen, cette inititation a pour nom « attendre dans le jardin ». On peut aisément imaginer les sentiments qui traversent le jeune moine durant cette attente, alors qu’il serre les dents et veille à rester parfaitement immobile: colère, haine, tristesse, chagrin, irritation, honte, dégout de soi, désespoir.

Pendant que les insultes, les moqueries ou les coups pleuvent sur lui, il n’a plus d’autre choix que de faire face à sa motivation : « qu’est ce que je veux vraiment » « cela vaut il vraiment la peine? » « Quelle autre voie pourrais je emprunter? » « une autre vie m’apporterait elle ce que je cherche? » « Finalement, qu’est ce que je cherche?« .

Ainsi sommes nous avant de nous investir dans une relation de couple. Seuls, assaillis de questions, tour à tour pleins de bravoure ou de lâcheté, tentés de relever le défi ou de prendre nos jambes à notre cou.

Nous sommes libres de renoncer ou de nous engager. Pour le zen, le résultat importe peu. Il n’existe ni bon ni mauvais résultat. Seul importe l’esprit avec lequel on pratique.

Au bout du compte nous avons tous le choix de vivre notre vie dans le confort illusoire que procure la somnolence ou dans la clarté et la force engendrées par un esprit éveillé.

Une grande foi, un grand doute, une grande détermination. La vie de couple ne requiert pas, elle non plus, d’autres qualités.

 

Falvia Mazelin Salvi – Vivre zen à deux