Dans ma famille, on fait à manger. Bon, dans la semaine, il n’est pas rare de faire à manger en décongelant un truc avant de le mettre à chauffer. Mais voila, le week end on prend la peine de « faire à manger » au sens de « s’adonner à l’alchimie culinaire consistant à mélanger des ingrédients et agir sur leur nature par cuisson et manipulation ». Bref, on fait dans la bonne bouffe.

L’autre jour, c’est le chéri qui s’est senti pousser des ailes à l’idée que je puisse manger de la mousse au chocolat sans bafouer mes interdits alimentaires. Il s’est lancé avec bravoure dans la recette de ladite mousse et a rendu une épreuve finale plus que conséquente. Rien qu’à la voir dans le frigo on savait déjà que ça allait être bon.

Arrive le repas et la fin de celui-ci. L’horloge ne se met pas à sonner pour mettre en valeur le coté dramatique de l’instant mais c’est le moment d’aller chercher le dessert. Je m’en vais à la cuisine, sort la mousse du frigo, prends des cuillères et… mets la touche finale.

C’est ainsi que lorsque je sers le Choupi reste tout interloqué devant un élément très perturbant à ses yeux : ladite mousse ressemblait à ça :

Bah oui, dans ma famille, une mousse qui n’a pas sa trace de doigt ne peut pas être une « bonne mousse ». Et qu’à cela ne tienne, on mesure souvent l’indice de raffinement du dessert par le temps que mettra la trace de doigt à apparaitre à sa surface.

Ici le lecteur attentif aura remarqué que j’ai attendu la dernière minute pour mettre la trace de doigt. Il faut dire que ce n’est que récemment que Choupi et moi nous sommes mis en ménage, il me faut donc introduire en douceur certaines traditions de ma famille. Mais voila, le choupi ayant pourtant l’explication, il reste que celui refuse que je cède à cette pratique (peut être pas si) ancestrale lorsqu’on sert de la mousse au chocolat à des invités.

Mais où allons nous si nous devons adapter notre foi familiale en fonction de la présence du regard d’autrui ? Déjà je cède à l’impératif vestimentaire lorsqu’il y a du monde à la maison, dois je en plus céder au  » politiquement correct » de la mousse au chocolat ? Suis je la seule à m’indigner de la sorte ?

J’veux dire, ok il y a la faim dans le monde, la répression au Tibet, l’excision des femmes et la persécution des cyber-dissidents . Mais m**** quoi, la trace dans la mousse au chocolat ça c’est porteur de valeurs!